Discours lors de l’inauguration du Chemin Jacques Douai – 13 novembre 2021

Mesdames et Messieurs les élus,

Mesdames et Messieurs les membres des Amis de Douai,

Mesdames et Messieurs les Amis de Jacques Douai et membre de sa famille,

Mesdames et Messieurs, en votre grade et qualité,

 

Je suis honoré et fier, d’inaugurer ce matin, le chemin « Jacques Douai » en tant que Président de Douaisis Tourisme.

Je souhaiterais commencer si vous me le permettez, par remercier en premier lieu, tous les membres de notre équipe, qui ont œuvré afin de rendre cela possible, en saluant tout particulièrement le travail de sa directrice, Stépahnie Thiffery. 

Remercier également les Amis de Douai, sa présidente, Marie Delecambre, pour son infatigable énergie, Jackie Avenel pour m’avoir interpellé sur ce sujet il y a de longs mois et m’avoir confié les beaux disques qu’il avait en sa possession,

Enfin remercier l’Agglomération pour avoir accepté de financer ce projet et bien sûr la ville de Douai.

 

Cependant, je ne peux continuer cette introduction sans vous narrer la genèse de cette proposition. Parce que celle-ci ne nous appartient pas, pas tout à fait. Elle est d’abord le fruit, de la réflexion sincère et passionnante, de notre ami Daniel Vandenhoecq. Beaucoup le connaissent ici. J’ai eu la chance de le rencontrer à plusieurs reprises, mais évidemment pas autant que nous l’aurions voulu.

Dans sa voix et dans ses engagements, durant ses mandats, associatifs et touristiques, il y avait chez lui cette humanité indéfinissable qui vous perce à jour et qui fait qu’autour de lui, on se sent grandir. Il était généreux, précieux, de par son savoir et son talent oratoire. Il était amoureux de Douai, et avec un amour comme celui-là, je ne pouvais que m’entendre avec lui.

Lorsque d’une certaine façon je me suis retrouvé à prendre sa succession au sein de ce qui est devenu ensuite Douaisis Tourisme, il nous avait dit en comité de Direction qu’il fallait un chemin Jacques Douai, que le centenaire de la naissance de cet artiste trop longtemps laissé dans l’oubli, était une occasion à saisir pour le territoire. Je me souviens de Christian Poiret qui a mes côtés avait dit « On le fera ». Et on l’a fait, ensemble. Je veux ce matin, vous le comprenez aisément, rendre un double hommage. Chère Elisabeth, soyez convaincus que cette passion qui le caractérise ne s’éteindra jamais, et que ce chemin est aussi le sien, et donc le vôtre.

Alors oui, donner un nom à un espace public, n’est jamais une chose neutre. C’est un choix. Le choix de transmettre, le choix d’enraciner des valeurs, le choix de donner à voir aux yeux de tous un visage, une époque, une mémoire, un nom.

Et ce nom, celui que nous honorons non seulement ce matin mais durant tout un week-end, c’est celui de l’artiste Jacques Douai, né le 11 décembre 1920 au 21 place Carnot. De son vrai nom, Gaston Tanchon.

Son père est cheminot, sa famille s’installe dans la Cité des Cheminots, qui vient de voir le jour pour accueillir la main d’œuvre nécessaire. Il fréquente l’école Denis-Papin que nous connaissons encore aujourd’hui et l’Harmonie du quartier. Il étudie la musique au Conservatoire de Valenciennes (où son père est muté) et apprend le violon. Plus tard, la guitare deviendra son instrument fétiche. Il sera un des premiers à s’accompagner lors de ses récitals sur scène avec cet instrument.

Après-guerre, il veut faire du théâtre et chanter. Il croise le chemin de la Compagnie Grenier-Hussenot qui, jusqu’en 1957, produira quelques-uns des plus grands succès du théâtre contemporain. Rosy Varte, Jean Rochefort, les Frères Jacques y firent leurs débuts. Le directeur de la compagnie lui dit « Tu veux chanter ? Alors, il faut que tu saches faire chanter les autres ! ». L’anecdote est savoureuse. La leçon précieuse. Car celui qui a choisi le nom de sa ville natale comme nom de scène, ne cessera plus de faire chanter les autres, de partager, de rayonner.

Il se produit beaucoup à cette période dans les cabarets parisiens, où sa réputation de « troubadour des temps moderne » se forge. Jacques Douai n’est pas qu’un interprète, c’est un poète. La sobriété de ses prestations et de son style le distingue nettement d’autres artistes, qui préfèrent utiliser les nouveaux médias comme la télévision, afin de se faire connaître.

La récompense de son travail et de son talent arrive en 1955 : il reçoit le Grand Prix de l’Académie Charles-Cros (qu’il décrochera en 1962 et 1968) pour son 1 er album « Chansons poétiques anciennes et modernes » où figurent File la laine et Colchique dans les prés, un classique du répertoire scolaire. Le succès n’est pas éphémère. Jacques Douai traverse le temps et les générations en préservant son style, sa voix, sa façon d’être.

Mais on ne peut connaître le chanteur et l’homme, si l’on ne comprend pas que Jacques Douai est avant tout un humaniste, un pédagogue, désireux de transmettre à tous ceux qui n’avaient pas la chance d’être bien né, la musique. Démocratiser la culture, vielle rengaine politique que nous connaissons bien, était son leitmotiv. Peut-être même le fil conducteur de sa vie. L’héritage le plus fécond qu’il nous lègue. Les enfants sont au coeur de cet idéal :

En 1960, il crée avec sa première épouse, le Ballet National populaire des danses françaises mais aussi six ans plus tard le Théâtre populaire de la chanson.

A partir de 1982, avec sa seconde épouse, Ethery Pagava, danseuse étoile et pédagogue elle aussi, que je veux saluer, il se consacre au Théâtre du Jardin pour l’Enfance et la Jeunesse installé au Bois de Boulogne qu’il crée et dirige jusqu’à sa fermeture en 2001. 300 000 enfants issus de tous milieux sociaux découvrent spectacles musicaux, théâtraux et de danse.

Aujourd’hui, un prix Jacques-Douai honore chaque année un interprète de la chanson française de qualité lors du Festival de Barjac. Il décède le 7 août 2004 à Paris. Près de vingt ans plus tard, son nom résonne encore, et ici, l’écho est particulier.

« Dans mille ans, deux mille peut-être
Se désolera encore
File la laine, filent les jours
Garde ma peine et mon amour
Livre d’images des rêves lourds
Ouvre la page à l’éternel retour »

Que ce chemin puisse créer une éternité, celle d’un nom et d’une histoire : Jacques Douai. Et peut-être qu’en vous y baladant, vous entendrez la voix de Gaston chanter.

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