La cantine scolaire à Douai, en 5 points

Lors du conseil municipal de vendredi soir, un sujet important était soumis à l’ordre du jour : la nouvelle tarification pour les cantines scolaires. 1350 enfants fréquentent chaque jour les services de la restauration scolaire. Il s’agit d’un véritable enjeu à la dimension sociale mais aussi environnementale Retrouvez ci-dessous l’analyse du groupe Ensemble Faisons Douai, en cinq points

1- Oui à cette politique tarifaire…

Nous sommes favorables au vote de cette nouvelle grille tarifaire pour une raison simple : elle est plus juste que la précédente. Cela ne signifie pas pour autant, que ce nouveau système soit parfait (voir point suivant), mais il permet en effet d’introduire une meilleure proportionnalité entre « ce que paient les familles » et « leurs moyens ».

Jusqu’ici, le prix du repas est indexé sur sept tranches du quotient familial (voir image). Le système paraît équitable à première vue, mais il présente un sérieux défaut : il génère des effets de seuil important. Dès lors qu’une famille proche d’un palier, voit ses revenus augmenter légèrement, elle bascule immédiatement d’une tranche. Or les écarts entre les différentes tranches sont parfois importants : de 1€80 le repas, on pouvait passer à 2€80. De 2€80 à 3€70.

Grille tarifaire avant le projet de délibération

Sans entrer dans les détails, retenons que : chaque famille paiera désormais les services concernés, proportionnellement à ses revenus et à sa composition familiale, dans les limites d’un tarif minimum et d’un tarif maximum fixé pour chaque activité. Concédons que c’est bien mieux ainsi !

Cette mesure profitera à de nombreuses familles (notamment les plus pauvres et précaires, ainsi que les familles nombreuses). Exemple : une famille de deux enfants, relevant d’un quotient familial (QF) de 800 euros, paiera 114 euros pour 20 repas, là où elle devait débourser 148euros jusqu’ici. C’est ce second constat qui motive notre soutien à ce changement.

Est-ce suffisant ?

2- … Mais on peut faire mieux !

Pour autant, nous disons qu’il est possible d’aller plus loin. Loin de nous l’idée de se lancer dans une « course à l’échalote ». Il nous apparaît cependant que la baisse du prix du repas servis à la cantine, aurait dû être effective pour l’ensemble des familles. Or ici, une centaine de familles verront le montant de leur facture augmenter à la fin de chaque mois (à partir de juillet 2021, date de l’entrée en vigueur de cette réforme).

Nous avons parfaitement conscience que la prise en charge de la collectivité dans le prix d’un repas est important (un repas coûte réellement environ 9 euros). Cette nouvelle grille engendrera d’ailleurs, elle-même, un coût supplémentaire de 160 000 euros/an. Pour autant, et comme nous nous étions engagés dans la campagne des municipales : la baisse doit profiter à tous (« classe moyenne » comprise!). Nous ne pouvons nous résoudre à avoir un prix plafond supérieur à 5 euros. Même pour les quotients familiaux les plus élevés, la mairie doit prendre en charge une partie plus conséquente du coût de la prestation. C’est d’abord une question de volonté politique.

Se pose également la question du prix pour les « non-douaisiens ». Historiquement, a été décidé de faire payer (parfois au prix fort) de nombreuses activités de notre commune. Sans remettre en cause ce principe, un bilan social et économique pourrait être fait pour mesurer la pertinence de tel écart.

3- Assurer la qualité du repas à la cantine 

Derrière le débat sur le prix, se pose la question de la qualité. De façon régulière, nous sommes questionné par certaines familles sur celle-ci. Cela n’est en rien une remise en cause du travail des agents, dont ceux de notre cuisine centrale. Il s’agit plutôt de questionner la volonté politique de la municipalité de proposer plus de produits frais, issus des productions locales (riches sur notre territoire douaisien), de développer des menus équilibrés alternatifs sans viande et de tendre de plus en plus vers le biologique.

C’est pourquoi nous souhaitons alerter notamment sur l’omniprésence des protéines animales dans les repas servis. Ces derniers ont des conséquences sanitaires et écologiques parfois insoupçonnés. Rappelons quelques chiffres : Les deux‑tiers des antibiotiques utilisés en Europe sont aujourd’hui destinés aux animaux d’élevage. Selon le rapport de Greenpeace, 67 % de la viande bovine servie en restauration collective est importée d’un pays étranger, et l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (ADEME) nous précise que l’équivalent d’une bouchée de viande laissée dans l’assiette représente… 300 litres d’eau gaspillée, et génère l’émission de 2,5 kg de CO2. Ces chiffres donnent le tournis…

Le projet de légumerie intercommunale est ainsi une perspective intéressante pour les années à venir.

4- Mieux communiquer

Cette nouvelle tarification peut paraître complexe pour le plus grand nombre. Un simulateur serait apparemment sur les rails, nous espérons qu’il soit rapidement opérationnel. Voilà un outil indispensable pour mieux appréhender et anticiper les conséquences de ce changement.

Il serait utile que la mairie soit plus transparente aussi sur ce qu’elle appelle la « qualité des services ». Quelle politique de formation/qualification des agents a été proposées visant à l’amélioration de la prise en charge ? Quid de la précarité de certains contrats pour les activités périscolaires, garderie du matin et études du soir ? Quel bilan pédagogique peut-on faire de la sensibilisation à la qualité de l’alimentation chez les plus petits, ainsi qu’à l’importance qu’ils peuvent accorder à certains gestes environnementaux (lutte contre le gaspillage, consommation de produits de saison, valorisation des déchets,…) ? Les Douaisiens ont besoin d’un retour mieux construit et plus régulier sur ces éléments.

5- Le cas des PAI (Projet d’accueil individualisé)

L’utilisation de panier-repas par les élèves des écoles primaires peut constituer une alternative à la restauration scolaire. Cette modalité de restauration est notamment autorisée pour les enfants ayant une allergie ou une intolérance alimentaire médicalement constatée, requérant un régime alimentaire adapté, dans le cadre notamment d’un projet d’accueil individualisé (PAI).

Cette gestion génère parfois quelques inquiétudes pour les élus. Il faut en effet s’assurer du respect de la chaîne du froid, avant le dépôt du panier repas à l’école, et avant sa consommation par l’enfant. La question se pose notamment de la responsabilité du maire en cas d’intoxication, celle de l’imputation de la faute entre les parents, les personnels et le maire également. Dans les faits, peu d’enfants et de familles sont concernés. Le choix de « faire confiance » a été fait jusqu’ici : la ville autorisant les famille à prendre en charge eux-même leurs repas, en garantissant la gratuité de celui-ci.

Or il est regrettable en effet d’observer que les élèves PAI dont les parents fournissent le repas feront désormais l’objet d’une facturation du service de restauration scolaire (même minime, la symbolique est forte). Le coût salarial ne saurait justifier à lui seul une explication rationnelle à ce positionnement municipal. Sachant qu’un tarif privilégié a été décidé pour les familles d’accueil (aide sociale à l’enfance), les réfugiés, les familles en situation irrégulière et les demandeurs d’asile, une intégration des familles dont les enfants font l’objet d’un PAI saurait été cohérent et juste.

Nous considérons en définitive que l’alimentation scolaire est bien plus qu’une question d’égalité sociale, elle englobe aussi une dimension de prévention sanitaire (en apportant les nutriments nécessaires à toute une génération) et de la transition écologique (en garantissant un débouché aux productions saines et soutenables). Des communes voisines (Cuincy par exemple), ont ouvert un chemin. A nous de le suivre.

François Guiffard et Karine Veynachter

RAPPEL : Lors du conseil municipal du mois d’octobre 2020, j'avais proposé que les repas proposés à la cantine scolaire du lundi 12 et mardi 13 soient gratuits pour les familles. En effet en raison d'un cas de Covid d'un agent de la cuisine centrale, les repas n'ont pu être servis dans les conditions habituelles. Beaucoup d'enfants sont revenus chez eux le ventre vide. Malheureusement j'ai été le seul élu à défendre cette proposition..

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