Retranscription écrite de mon intervention adressée aux Douaisiens, vidéo disponible sur notre page Facebook
Mesdames, Messieurs,
Permettez d’abord que j’exprime l’émotion qui est la mienne au moment de prendre la parole pour la première fois en tant qu’élu de cette ville. De tous ceux qui siègent aujourd’hui autour de cette table, je suis sans doute celui qui ait le plus connu de conseils municipaux en étant assis de l’autre côté, du côté du public. La frontière ne paraît pas si grande, mais dans le cœur d’un homme qui est né et a grandi à Douai, elle est plus que symbolique. Je tiens d’ailleurs à saluer toutes celles et ceux qui nous écoutent en ce moment-même, saluer les agents sans qui cette réunion n’aurait pas lieu.
Nous tenions surtout à commencer en ayant une pensée, pour toutes celles et ceux qui ont siégé avant nous. Ici respire l’histoire, ici respire la mémoire de ceux qui nous ont précédé et ont fait le Douai que nous connaissons. À ce titre, j’ai une pensée toute particulière pour Maurice Goniaux, mon aïeul, qui fut adjoint au maire André Canivez.
De cet héritage, nous portons une responsabilité.
Mais cette responsabilité nous ne la tirons pas seulement du passé, nous la tirons bien entendu des suffrages que nous avons obtenus dimanche dernier. Dès lors, nous ne sommes plus les candidats d’un camp, mais les élus de toute une population. Vous avez cité M. le maire Paul Eluard. Je ne résiste pas à l’envie, moi aussi, de citer une phrase de ce poète engagé. Il disait : « Il n’y a jamais de hasard dans la vie, que des rencontres ». Et bien aujourd’hui, c’est notre rendez-vous à tous.
Frédéric Chéreau, vous et votre liste avaient été élus par une majorité de douaisiens. Je salue votre victoire. Je vous souhaite d’en être dignes et de réussir, non seulement parce que cette ville et ses habitants le méritent, mais aussi et surtout parce que nous n’avons pas d’autres choix.
Je souhaite à votre équipe, à vos futurs adjoints, d’agir avec ferveur et passion. Je reconnais là dans les personnes qui vous entourent bien des qualités. Mais je dois admettre aussi que nous allons découvrir de nouveaux visages. Par jeu d’alliance politique, certains que nous n’avons jamais vu ni dans nos quartiers, ni auprès de nos associations et commerçants, ni même lors d’événements organisés par la ville depuis tant d’années, sont pourtant élus et récompensés. Nous leur souhaitons ainsi de ne jamais oublier, que l’écharpe se mérite au quotidien.
Nous vous souhaitons enfin Monsieur Chéreau d’être à l’écoute de tous les Douaisiens et de vos oppositions. Vous savez la mienne franche, sincère et constructive. Je crois pouvoir dire qu’au cours de cette campagne nous ne sommes jamais tombés dans de mauvaises querelles.
Vous avez d’ailleurs répété à bons dos que nos projets se ressemblaient. Dans le cadre du second tour, je sais qu’il vous a fallu séduire. Mais vous et moi savons ce qui nous sépare et nous unit.
Dans ce nouveau mandat, bien des défis s’annoncent. Je ne mentionnerai que 3 grands chantiers, évidemment sans oublier le reste.
D’abord celui de l’écologie. Nous estimons que depuis 2014 il n’y a pas eu une de réelle volonté politique sur ce sujet. Or aujourd’hui il y a urgence. Chacun ici a conscience de l’enjeu. Par conséquent, j’espère qu’un consensus fort s’exprimera.
Second chantier et non des moindres : notre démocratie. Il est évident que nous ne pouvons pas ignorer ce qui vient de se passer : 7 douaisiens sur 10 ne sont pas allés voter. On peut prendre les chiffres dans tous les sens, la réalité froide et brutale est la suivante : notre démocratie est malade. Et elle est malade à tous les étages. Je crains pour ma part que la Ve République, en tout cas sous ce format-là, ne connaisse sa dernière décennie. Il nous faut impérativement retrouver la confiance de nos concitoyens et faire vivre le débat politique hors de ces murs.
Durant cette campagne nous avons été moteur d’une nouvelle façon de faire la politique. Nous avons poussé le curseur de la démocratie participative plus loin que personne ne l’avait jusque là sur ce territoire. Je crois que cette expérience inédite et innovante peut être utile à tous, il faudrait s’en inspirer et bien entendu l’améliorer.
Enfin, le troisième et dernier chantier c’est celui de l’après-COVID. La crise sanitaire n’est pas encore derrière nous, que déjà la crise économique et sociale pointe le bout de son nez. C’est donc l’ensemble de notre tissu commercial qu’il nous faut protéger ainsi que nos artisans et entreprises locales. Plus encore c’est tout un modèle de vie en communauté qu’il faut repenser. Nous devons tirer les bonnes leçons, c’est là, la revanche de la vie sur la fatalité.
Je conclus Mesdames et Messieurs, par une anecdote. Lorsque le hall d’accueil de la mairie avait été restauré, l’artisan qui avait refait le tapis menant au bureau du maire, avait demandé alors à Jacques Vernier de choisir une maxime afin de l’inscrire sur ce tapis. Monsieur Vernier avait choisi cette célèbre phrase de Saint-Exupéry « On ne voit bien qu’avec le cœur ».
Quels que soient nos différents et désaccords politiques qui doivent nécessairement s’exprimer en ces lieux, puissions-nous, chers collègues, toujours voir les Douaisiens, avec le cœur.
François GUIFFARD, le 5 juillet 2020